Cachés derrière l'étendard de la liberté,

et regroupés comme un seul homme pour défendre nos idées,

à l'exemple de quelques uns,

irions-nous aussi jusqu'à sauter la falaise et plonger dans l'abîme ?

N'aurions-nous pas suffisamment de discernement pour nous arrêter

et revenir dans les limites du raisonnable ?

Nous avons crié ensemble notre colère et défendu nos principes de liberté,

et j'applaudis ce bel élan patriotique et sincère

auquel je me suis spontanément ralliée.

Mais n'oublions pas que notre devise républicaine contient d'autres valeurs

toutes aussi importes que la liberté,

pour préserver l'équilibre de notre humanité :

l'égalité et la fraternité.

Il me semble bien posséder, comme bon nombre, le sens de l'humour et de la dérision,

ainsi qu'une bonne dose de tolérance.

Pour autant, je pense aussi qu'en toute chose mesure est bonne.

Emportés par des vagues d'émotions et guidés par de belles valeurs,

attention à ne pas être engloutis dans un courant,

plus vicieux et sournois,

qui ne nous permettrait plus de regagner le rivage de la sagesse !

Chacun a le droit de s'exprimer, il est vrai...

Nous avons le droit (dans la mesure où cela ne porte atteinte à personne)

de croire en tel ou tel principe religieux, 

ou de ne pas croire du tout,...

mais cela n'empêche pas le respect d'autrui

et la modération dans nos propos (écrits, dessinés ou verbalisés)

afin de ne pas heurter inutilement ceux pour qui ces pratiques sont sacrées.

La liberté s'arrête là ou commence celle des autres,

et le respect d'autrui est essentiel.

La beauté et la richesse n'autorisent pas à se moquer,

inconsidérément et à outrance,

de la laideur ou de la pauvreté.

Et même si l'on peut en rire parfois, sans que cela nuise (?)

il n'est ni intelligent, ni charitable, ni utile, de le faire en insistant,

parce que cela devient alors de la méchanceté et de la provocation.

Les mots peuvent parfois être plus blessants et ravageurs qu'un violent coup porté.

Le venin, en moindre quantité,

peut avoir un effet bénéfique et entrer dans la composition de certains médicaments,

mais à l'excès, il tue !

Il en va de même lorsque "l'humour" est dévoyé !

C'est vrai, le blasphème n'est pas un délit en France,...

mais la bêtise et la méchanceté non plus !...

Or, on sait pourtant combien elles peuvent avoir de redoutables conséquences

et faire dramatiquement mal.

Alors, lorsque nous nous exprimons, de quelque manière que ce soit,

réfléchissons d'abord à nos véritables intentions.

Posons-nous les bonnes questions...

Est-ce pour le bien de tous ?

par orgueil ? pour "avoir raison" à tout prix ?

ou pour d'autres raisons encore moins louables ?

Est-il nécessaire de faire du mal ? de blesser ?

de basculer dans l'irrévérencieux ?

pour clamer haut et fort les droits de l'homme !

Tout homme, de quelque origine, race, ou confession qu'il soit,

a le droit au respect.

Ne commettons pas l'erreur, finalement,

de nous comporter exactement comme ceux-là mêmes que nous combattons,

en raison de leurs comportements extrémistes.

On ne met pas de l'huile sur un feu que l'on voudrait éteindre !

Et, de grâce, préservons notre aptitude à penser par nous-mêmes,

sans nous sentir obligés (consciemment ou pas) de suivre un mouvement qui,

sorti du contexte originel, pourrait gravement nous égarer.

Parce qu'en faisant cela,

 nous aurions perdu notre liberté de penser.

La paix et l'amour ne se nourrissent pas de rancoeur et d'amertume.

Et, pour que le coeur de l'homme puisse grandir,

et s'ouvrir à l'autre,

il a besoin d'honnêteté et de clarté dans toutes les intentions qui l'animent.

Toute ambigüité ne pourrait que le contracter et produire l'effet inverse.

Puisse, chacun de nous, garder bon sens et discernement.

Essayons-nous à la sagesse

et au "bien-vivre ensemble" dans le respect mutuel.

Françoise-Aquarella